Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/424

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détruire dans ce temps les mâles trop nombreux et trop amoureux. On doit donc alors tirer de préférence sur les coqs, et, pour cela, il faut savoir qu’au commencement de la pariade, lorsqu’on fait lever des perdrix, c’est toujours ce coq qui part le dernier ; mais, sur la fin d’avril, c’est tout le contraire, la dernière à partir est alors la poule. Si on apperçoit un couple à terre, on reconnoîtra encore le coq à sa tête, qu’il porte haute et relevée ; mais le meilleur moyen pour diminuer le nombre des mâles, est de se servir contr’eux de la chanterelle.

J’ai déjà dit que l’on entendoit par ce mot une femelle en cage, dont le chant appelle les mâles de son espèce. Si l’on a une poule de perdrix privée ou même une vieille mère démontée d’un coup de fusil, on la porte aux champs ou dans tout autre endroit propice, et sa voix attire bientôt sous les coups les mâles non appariés. C’est dans ce cas qu’on se sert aussi avec beaucoup de succès du hallier ou tramail. J’ai décrit ce filet, et la manière de le tendre, à l’article Caille, que le lecteur peut consulter.

Je n’ai qu’à ajouter ici, que pour les perdrix, le tramail doit être plus haut de trois ou quatre pouces, et les mailles aussi plus grandes d’autant de ligues, et de fil un peu plus fort. On place la chanterelle dans une cage faite d’un chapeau rond cloué par ses bords sur une planche, dans laquelle est pratiquée une porte. Il est bon aussi que cette même planche soit montée sur un piquet vertical qu’on enfonce en terre.

Il y a plusieurs autres espèces de cages. Une des plus simples, est de monter aux deux bouts d’une planche longue deux autres ais demi-circulaires, comme seroient les deux moitiés du fond d’un baril ou moyen tonneau. Sur l’un de ces côtés, on pratique une porte pour introduire la perdrix, et sur l’autre deux ouvertures par où elle puisse passer sa tête pour boire et manger. On cloue sur ces planches une toile cirée verte, dans laquelle un ou deux trous ronds permettent à l’oiseau de passer sa tête ; le tout ainsi construit a la forme d’une petite malle. Il est d’autres cages en filet, montées sur des châssis de bois qui soutiennent des arçons demi-circulaires en fil de fer. Ces filets s’ouvrent par un bout, et se ferment comme une bourse ; le tout s’attache tendu, au dessus du sol, entre deux forts piquets. On est obligé quelquefois, lorsqu’on a une chanterelle sauvage, de la porter coucher sur la plaine, parce qu’en ne l’y portant que le matin, l’agitation qu’elle se donne la fatigue et l’empêche de chanter quand on la pose à terre. Dans ce cas, comme il y a à craindre pour elle les bêtes et leurs attaques, on recouvre la cage dont on se sert, d’une seconde cage de fil de fer ou de laiton. Lorsqu’on a tendu ses halliers, et que la chanterelle fait bien son devoir, il est immanquable de voir les mâles accourir les uns après les autres, et même plusieurs à la fois, pour se disputer la femelle. Il ne faut pas sortir de la retraite d’où l’on observe ce qui se passe, pour le premier qui se trouve pris, car d’autres ne tardent pas à le suivre : les pièces de blé vert ou les chaumes, sont les théâtres de cette chasse. Le voisinage d’une haie, d’un buisson ou bouquet de bois, est très-favorable pour fournir au chasseur le moyen de se cacher. Avant de tendre ses halliers, il est aussi prudent d’écouter si le mâle chante dans la plaine, ou de l’y exciter par quelques coups d’Appeau (Voyez ce mot) pour placer sa chanterelle le plus près possible du coq, afin que celui-ci l’entende plus vite. Cette chasse est, en général, très-fructueuse. On la commence, selon les températures, dès la fin de janvier ; elle se prolonge jusque dans l’été : les heures sont celles du matin et