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joint aux noms français les noms botaniques, afin d’éviter l’incertitude qui pourroit provenir des différentes dénominations sous lesquelles on désigne différentes plantes dans le langage vulgaire. Ce tableau a été tiré des Amœnitates academicæ de Linnæus. Nous y avons fait un petit nombre d’additions et de changemens, et nous l’avons augmenté de plusieurs notes que nous avons cru nécessaires pour guider les cultivateurs dans le choix ou l’extirpation des plantes utiles ou nuisibles aux bestiaux. Ce tableau est certainement loin d’être complet ; mais nous croyons qu’il pourra être d’un grand secours aux personnes qui s’occupent de l’amélioration des prairies. Il seroit à désirer que des botanistes cultivateurs voulussent réitérer, et multiplier des essais qui doivent avoir une grande influence sur les progrès de l’agriculture.

Nous allons donner l’explication de plusieurs mots nouveaux, dont nous nous sommes servis, pour indiquer la nature de chaque plante, ou plutôt le sol, l’exposition, les lieux où elle croît. La nouveauté du sujet nous a contraints d’inventer des expressions propres à peindre, sans périphrases, les idées que nous voulions exprimer. Nous nous sommes écartés le moins possible de l’analogie ; et nous avons fait dériver ces mots de ceux usités dans notre langue, ou, à leur défaut, de ceux pris du latin.

Il étoit important, afin de rendre notre travail plus utile, d’indiquer au cultivateur l’espèce de terrain dans lequel chaque plante se plaît, et croît spontanément. Cette connoissance préliminaire est nécessaire pour le succès d’une culture quelconque. Ainsi, au lieu de dire que telle plante se plaît dans un sol argileux, qu’elle croit sur les bords de la mer, qu’elle se trouve dans les terrains tourbeux, qu’elle végète sur les rochers, etc., etc., nous n’avons employé qu’une seule expression pour chacune de ces idées, et nous avons dit : telle plante est argilée, maritime, tourbeuse, rupestre, etc., etc. Ce style nous a paru tout aussi clair et beaucoup plus concis que celui dont on fait usage communément. Nous avons cru que c’étoit le seul que l’on pût employer dans un tableau où chaque idée doit plutôt être représentée par un trait que par une phrase.

Explication des termes employés dans le Tableau suivant.
Plantes maritimes. Celles qui croissent immédiatement sur les bords de la mer, ou à quelques distances de ses rivages.
Salines. Celles qui viennent près des marais salins, ou des terres imprégnées de sel.
Lacustres. Celles qui habitent sur les bords des lacs, des étangs, et autres eaux limpides et d’une certaine étendue.
Riveraines. Celles qui végètent le long des fleuves.
Rivulaires. Id. le long des ruisseaux.
Fontanières. Id. sur le bord des fontaines.
Marécageuses. Celles qui se trouvent dans les terrains marécageux, ou imprégnés d’une humidité surabondante.
Tourbeuses. Id. dans les sols tourbeux et aqueux.
Inondées. Id. dans les terrains sujets aux inondations.
Madides. Id. dans les terres habituellement humides.
Forestières. Celles qui se plaisent dans les forêts et les bois.
Ombroses. Id. à l’ombre des arbres, des haies, des buissons, des rochers, des montagnes ou des coteaux.
Arvales. Id. dans les champs et les terres en culture.
Hortolanes. Id. dans les terrains cultivés et bien fumés, ou riches en détritus d’animaux et de végétaux, tels que sont d’ordinaire les jardins.
Prairéales. Celles qui naissent dans les prairies naturelles.
Pacagères. Id. dans les pacages, les landes, et les terrains vagues et sans culture.
Calcariées. Celles qui naissent sur les terrains calcaires, ou composés en grande partie de matières calcaires.
Crétacées. Id. sur des terrains dont le fonds est plus ou moins crayeux.
Argilées. Id. sur un sol tenace où l’argile domine.
Silicées. Id. sur un terrain formé en grande partie par les substances siliceuses ou de la nature du quartz.
Arénales. Celles qui végètent dans un sable pur, ou mélangé avec une très-petite quantité d’autres substances.
Sablonneuses. Id. dans les terrains friables, qui sont composés de sable en grande partie.
Graveleuses. Id. dans les terrains graveleux et caillouteux.
Pierreuses. Id dans les sols pierreux.
Arides. Id. sur des terrains secs.
Déclives. Id. sur le penchant des coteaux ou des terrains inclinés.
Montagneuses. Id. sur les montagnes.
Rupestres. Id. sur les rochers couverts d’une petite quantité de terre.

On doit lire, pour l’intelligence du Tableau suivant, la première note qui s’y trouve annexée.