Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/504

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dicier à la santé ; mais le danger est bien plus grand encore, lorsque la laine se trouve imprégnée de la sueur et des parties excrémentielles des personnes qui ont éprouvé des maladies putrides et contagieuses. On ne sauroit donc trop souvent battre, carder, nettoyer, laver, la laine et blanchir la toile des matelas ; c’est un soin que ne doit jamais oublier de renouveler, chaque année, une maîtresse de maison attentive ; nous le lui recommandons avec instance, pour la conservation de sa famille et l’intérêt du ménage dont le gouvernement lui est dévolu. (Parm.)


PLUVIERS, (Charadrii Lin.) Les pluviers sont passagers en France ; ils arrivent avec les pluies d’automne, d’où l’on pense que leur nom est venu : ils nous quittent au retour du printemps, pour gagner des contrées plus septentrionales. Ces oiseaux volent toujours en bandes, et forment une espèce de société. Lorsqu’ils volent, ils sont rangés en lignes droites, qui forment dans l’air des bandes ou zônes très-étendues, mais de peu de profondeur. Ils font leur principale nourriture de vers et d’insectes ; c’est pourquoi ils fréquentent les terres limoneuses, où ils trouvent plus aisément à satisfaire leurs besoins. Ils frappent la terre avec leurs pieds pour en faire sortir les vers, et, comme les bécasses, ils vont à l’eau le matin pour laver leur bec et leurs pattes, après avoir véroté. Les fortes gelées les chassent vers le Midi : ils gagnent aussi dans ce temps les bords de la mer, et le dégel les ramène dans les plaines et les pays élevés. Les pluviers restent peu de temps dans le même canton ; ils changent de quartier presque toutes les vingt-quatre heures, parce qu’ils ont bientôt épuisé un endroit de l’espèce d’aliment qui leur convient le plus. Quand ils mangent, ils ont toujours quelque sentinelle qui veille sur la troupe : de même un seul pluvier rassemble, le matin, toute une bande, qui s’est dispersée pour dormir. C’est ce cri de rappel que les chasseurs imitent avec un appeau, pour faire donner dans des pièges une troupe de pluviers, à l’instant de son rassemblement.

Le pluvier est de la taille d’une tourterelle ; lorsqu’il est gras sur-tout, on fait grand cas de ce gibier, bien que sa chair ait un fumet qui n’est pas du goût de tout le monde. Il est bien préférable aux vanneaux, dont il aime la compagnie ; aussi se sert-on de ce dernier oiseau pour appelant, lorsqu’on chasse aux pluviers. Les époques du passage de ces oiseaux sont très-favorables à cette chasse : elle réussit aussi lors des dégels, et par une petite pluie douce. C’est dans cette circonstance sur-tout qu’on leur tend avec avantage les filets ou nappes.

Ces nappes sont les mêmes rets saillans dont le mécanisme et le jeu ont déjà été décrits aux articles Alouette et Canard. On les tend, pour les pluviers, sur une seule ligne, comme lorsqu’on veut prendre les alouettes à la ridée. Dans ce cas, on met deux nappes bout à bout, ainsi que cela a été dit en traitant de cette chasse. Les nappes dont on se sert pour pluviers sont de la force de celles qui sont destinées aux, canards. Elles doivent avoir neuf à dix pieds de hauteur sur soixante au moins de longueur ; et comme cette dimension n’est pas commode à prendre sur un seul morceau de filet, j’ai indiqué tout à l’heure qu’il falloit en avoir eux, qu’on plaçoit bout à bout. On voit, dans les Ruses innocentes, une description détaillée d’une foule de préparatifs pour tendre ces filets ; mais ce seroit se donner un embarras gratuit, que de vouloir les exécuter à la lettre. Les procédés que j’ai indiqués aux articles cités, suffisent pour tendre toutes sortes de rets saillans : j’ajouterai seulement ici