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pierres ou de ramées les trous qu’on ne peut enclore. Cette opération doit se faire au moment où le lapin est ordinairement dehors. Tout étant disposé, on rabat tout autour des panneaux, et en prenant une bonne distance. Le lapin fuit vers ses terriers, mais le filet fatal l’enveloppe à son passage. Quelques auteurs conseillent de se servir dans ce cas d’un basset bien dressé pour rabattre le gibier.

Le panneau à lièvres ne diffère que par quelques dimensions du panneau à lapins. La longueur est la même ; mais la hauteur est plus grande, parce que la maille de la levure a plus d’étendue. On se sert pour ce panneau d’un moule de seize à dix-sept lignes ; on fait de même dix-huit mailles à la largeur, ce qui donne pour cette dimension une hauteur de cinq pieds et demi. Le fil avec lequel on lace doit être d’un quart plus fort que celui qui sert dans le cas précédent.

Comme le lièvre se tient plus communément en plaine, et ne va guères au bois que pour y chercher le soir une nourriture fraîche, ce qu’il fait sur-tout lorsqu’il est voisin des jeunes bois, les chasseurs qui seront en état de saisir cette circonstance, pourront panneauter pour lièvres avec fruit, en observant d’ailleurs les précautions indiquées dans la chasse précédente, avec la seule différence qu’il ne faudra pas tendre en plein bois, mais seulement sur la lisière. L’heure de tendre est avant le soleil couché. On exclut aussi les chiens de cette chasse. Quand le lièvre donne au panneau, il faut nécessairement l’y assommer : on risqueroit, en le prenant, de recevoir des morsures très-dangereuses ; de plus, comme le lièvre se réunit communément en troupes pour aller au bois, quand plusieurs tombent à la fois sur le filet, si on ne les y tuoit pas, leur force leur donneroit bientôt les moyens de se débarrasser en coupant et déchirant les mailles. D’ailleurs on a vu souvent ceux de ces animaux qui ne sont point pris, accourir au secours des autres et leur aider, par un instinct admirable, à se débarrasser ; il faut donc que les chasseurs s’arment contre cet instinct, et qu’ils soient très-attentifs et très-prestes à courir à la moindre secousse qu’ils aperçoivent dans les toiles. Il faut observer aussi que dans cette chasse le poste des tueurs est sur le côté du filet, où ils doivent se réunir tranquilles et cachés. Lorsqu’on a manqué le passage du soir qui se fait de la plaine au bois, on peut panneauter par celui du matin, qui est l’inverse, c’est-à-dire du bois à la plaine. L’on doit sentir que dans ce cas, il faut incliner les filets et les piquets vers le bois, en sens contraire de ce qu’on devra faire dans le cas précédent, le reste de la chasse n’offrant aucune différence.

Ces chasses demandent, comme on vient de le voir, un certain étalage, et ne conviennent qu’à de gros propriétaires ; mais l’habitant de la campagne se sert aussi d’un plus petit panneau dont l’usage peut être assez avantageux quand le chasseur est intelligent et que son canton est giboyeux. Ces panneaux, qui n’emploient qu’un homme seul ou deux au plus, n’ont qu’environ trois toises de longueur ; du reste, ils doivent être conformes à la description que je viens de donner des précédens, pour la matière et la fabrication. Cependant on voit dans d’anciens auteurs qu’on employoit, pour cette manière de tendre, les panneaux contre-maillés, ou à trois nappes. Cette différence n’en apportant aucune dans la manière de préparer le piège, je ne m’y arrêterai pas plus long-temps, et je vais indiquer de suite comment il faut chasser avec le petit panneau, soit qu’il soit simple, soit qu’on l’ait contre-maillé.

On le tend dans le bois par le travers d’un chemin ou à l’entrée. Il faut avoir bien observé les passages du gibier et ses habitudes. Si l’on chasse un jour où le vent soit foible ou nul, on piquera quatre baguettes par le travers du chemin où l’on attend son gibier, en les inclinant non pas cette fois vers le côté par où il vient, mais en sens opposé, c’est-à-dire du même côté qu’il va. S’il souffle un peu de vent, et qu’on ne puisse pas le prendre de côté, il faudra alors incliner ses piquets selon la direction du vent, comme si c’étoit son action qui les tînt pen-