Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/640

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perdrix. Ce trébuchet, que d’autres appelent mue ou tombereau, est d’un très-bon service. Voici comment on le fabrique.

On a quatre bâtons, longs d’environ trois pieds, plus ou moins, gros comme le doigt, que l’on assemble carrément, en les perçant tous d’un trou à chaque bout, à un pouce environ de chaque extrémité. On pratique de plus des entailles ou coches, pour évider l’épaisseur des bâtons vis-à-vis de chacun des trous. Ces entailles sont larges du diamètre même du bâton : par là, on conçoit qu’en les assemblant par leurs entailles, tournées face à face, on forme un châssis carré et plan. Les trous qui se trouvent alors aux quatre coins servent à recevoir d’autres verges de bois souple, et proportionnées à la grosseur du trou. Il y en a qui ne se servent que de deux de ces verges, qu’ils prennent longues de cinq ou six pieds, et qu’ils courbent en croix l’une sur l’autre, en engageant les deux extrémités de chaque baguette, dans les trous du châssis, opposés diagonalement, c’est-à-dire, d’angle à angle ; cela forme comme les arcs-boutans de l’édifice, et ils établissent le long de ces baguettes leurs branches de clôture. D’autres fichent obliquement quatre baguettes, moitié moins longues que les précédentes, dans les quatre trous du châssis, et ils rapprochent l’extrémité supérieure, qu’ils assemblent dans quatre autres bâtons disposés en châssis carré comme celui de la base, — mais plus petit, n’ayant environ que huit pouces de côté. Ceci forme la pointe de la pyramide, et sert de plus à ménager une ouverture, qu’on ferme par une petite claie ou planche, par laquelle on tire le gibier enfermé sous le trébuchet. Ce que je viens d’en dire n’indique que la carcasse du piège : quelle que soit celle des deux méthodes ont je viens de parler, que l’on emploie, il faudra toujours clore les quatre faces à claire-voie, ce qui se fait en coupant un certain nombre de baguettes de quelque bois léger, dont les quatre premières, égales entr’elles, soient un peu moins longues que les quatre qui forment le châssis ; les quatre suivantes aussi égales entr’elles, encore moins longues que les précédentes, et ainsi de suite, jusqu’au sommet de la pyramide ou du trébuchet. Ces couches de bâtons se posent alternativement l’une sur l’autre, et se réunissent par les angles qu’ils forment, contre les côtés montans du trébuchet ; ils s’y attachent avec des cordes ou du fil de fer souple. Cette construction achevée, on ferme, comme je l’ai dit, la petite ouverture supérieure avec une planchette ou autre chose équivalent ; on ajoute au châssis d’en bas une tringle ou morceau de bois plat ; c’est ordinairement un bâton gros comme l’un des quatre qui forment la base, qu’on aplatit grossièrement des deux côtés. Ce bâton est plus long de trois ou quatre pouces que ceux de cette base ; c’est-à-dire que, si le trébuchet a trois pieds d’ouverture, la tringle ou marchette aura trois pieds quatre ou cinq pouces. Il s’attache par une de ses extrémités, au moyen d’une ficelle nouée lâche, et qui lui laisse du jeu ; il s’attache, dis-je, sur le milieu d’un des deux bâtons ou côtés du châssis, et déborde par conséquent, étant tendu droit, par le milieu du côté opposé. De plus, cette machine qui déborde le châssis, est terminée par une coche ou entaille tournée en l’air, et dont le biseau s’étend en mourant selon la longueur de cette marchette. C’est là ce qui détermine le devant de la machine.

Lorsqu’on veut la tendre, on la pose par terre sur sa base, on plante au ras du côté par-dessous lequel sort le bout de la marchette, et contre cette marchette même, un piquet long d’un pied et demi ; au haut de ce piquet tient une ficelle à laquelle est attaché un triquet ou petit morceau