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digestion analogue à celle-ci : ils se combinent entr’eux et avec l’air que le végétal respire. Ces combinaisons, qui sont analogues au mouvement de fermentation, donnent toutes les différentes substances qu’on retrouve chez le végétal, les huiles, les résines, les mucilages, le corps sucré, la fécule, la glutine, la fibrine, les acides végétaux, les parties colorantes, les extraits.

Toutes ces substances étant formées vont se déposer, par les lois des affinités, vers leurs parties similaires. Ainsi, les huiles vont se déposer dans les graines ; les fixes se déposent dans les cotylédons de l’amande, de la noix ; les volatiles, dans l’écorce du citron, de l’orange, dans l’écorce des semences des ombellifères ; les fécules, dans les cotylédons des plantes céréales, dans les racines des pommes de terre ; les mucilages, le corps sucré, dans les membranes muqueuses.

Enfin, toutes ces substances ainsi formées par les forces de la végétation, et déposées suivant les lois des affinités, contractent une véritable adhérence par les lois de la cristallisation. C’est ce qui forme vraiment la nutrition.

Du système des organes de la respiration. Tous les phénomènes qu’on observe chez les végétaux prouvent qu’ils ont un véritable système de respiration semblable à celui de certains animaux ; leurs trachées sont semblables à celles des insectes, en sorte qu’on ne peut douter qu’ils n’inspirent et n’expirent continuellement.

Si on fait passer une petite branche d’une plante vivante sous une cloche pleine d’eau et exposée au soleil, on voit qu’il se dégage beaucoup d’air des feuilles de cette plante, lequel va se réunir au haut de la cloche. Il contient une très-grande quantité d’oxigène.

Cette même plante, mise sous une cloche vide qui repose sur le mercure, laisse également dégager beaucoup d’air lorsqu’elle est au soleil.

La même plante laissée pendant la nuit sous la cloche reposant également sur le mercure, absorbe presque la même quantité d’air qui s’en étoit dégagée lorsqu’elle étoit au soleil.

Ces expériences ne laissent point de doute que les végétaux n’inspirent de l’air, et ne l’expirent, c’est-à-dire qu’ils ont un véritable système de respiration.

Cette respiration contribue à leur chaleur, comme chez les animaux.

Du système des organes de la circulation* On ne peut douter que les liqueurs végétales ne circulent réellement comme les liqueurs animales ; mais cette circulation, dit l’auteur, s’opère comme chez les basses classes de l’animalité, les méduses, les rhizostomes, les polypes, qui n’ont point de cœur : car les végétaux n’ont aucun organe analogue au cœur et aux grands vaisseaux sanguins, artériels ou veineux des premières classes de l’animalité, les mammaux, les oiseaux ; les vaisseaux des végétaux (aa, fig. 6, et aamm, fig. 7) ressemblent plutôt aux vaisseaux lymphatiques des mammaux, ainsi que nous venons de l’exposer en parlant du système fibreux. Il y a un grand nombre de liqueurs chez les végétaux, chacune doit avoir son système de vaisseaux particulier : il y a donc vaisseaux de la sève, vaisseaux de la lymphe, vaisseaux du suc propre, vaisseaux des différentes liqueurs secrétaires, vaisseaux des liqueurs qui nourrissent le fœtus.

De la circulation de la sève et de ses vaisseaux. La sève doit être regardée, chez les végétaux, comme leur sang qui est blanc. On ne peut douter qu’elle n’ait un système de circulation ; car, si au printemps on coupe l’extrémité d’une branche de vigne, la sève coule en quantité ; une racine découverte et coupée également, verse beaucoup de sève.

Le mouvement de cette sève se fait avec une si grande force en certaines circonstances, que Hales ayant fait entrer dans un tube une branche de vigne dont l’extrémité avoit été coupée, et l’ayant bien scellée, la sève souleva une colonne de mercure de trente-sept pouces, c’est-à-dire qu’elle auroit pu s’élever à quarante-cinq pieds.

Les matériaux qui fournissent la sève sont apportés au végétal, ou par le chevelu des racines, ou par la surface entière du végétal, principalement par les feuilles ; elles entrent dans le torrent de la circulation et passent par différens ordres de vaisseaux, dont les uns font fonctions d’artères, et les autres fonctions de veines. Les vaisseaux séveux sont, suivant l’auteur, les grands vaisseaux aaa, dont nous avons parlé.

De la circulation de la lymphe et de ses vaisseaux. Le végétal contient plusieurs espèces de liqueurs qu’on peut regarder comme lymphatiques : 1°. le mucilage ; 2°. le corps sucré ; 3°. la fécule ; 4° la glutine ; 5°. la fibrine. Ces divers fluides doivent avoir des vaisseaux particuliers dans lesquels ils circulent. Nous avons vu, dit l’auteur, qu’à côté des grands vaisseaux aa, il y en a une grande quantité d’autres plus petits mmm ; ces vaisseaux servent