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montoit en beaucoup plus grande quantité que dans d’autres momens. Coulomb a fait la même observation sur des peupliers qu’il perçoit avec une tarrière. Lorsque le soleil dardoit sur l’arbre, la sève s’écouloit en abondance, avec un dégagement considérable d’air. Mais lorsqu’un simple nuage interceptait les rayons du soleil, cet écoulement diminuoit.

De l’action des tuyaux capillaires dans les végétaux. Quelle que soit l’action des tuyaux capillaires, on sait que les liqueurs y montent à une hauteur plus ou moins considérable au dessus de leur niveau. Les végétaux ne sont qu’une réunion de fibres qui laissent entr’elles des espaces vides, lesquels ressemblent aux tuyaux capillaires. Aussi, lorsqu’on fait tremper l’extrémité d’un végétal dans l’eau, elle s’y élève plus ou moins.

De l’action des solides chez les végétaux. L’action des solides des végétaux peut être envisagée sous deux aspects généraux : ou on les considère comme doués des propriétés générales de la matière, la densité, la solidité, et particulièrement l’élasticité ;

Ou on les considère comme doués de la vitalité, et faisant partie des êtres vivans. Sous ce dernier rapport, on doit avoir égard particulièrement à leur irritabilité et leur excitabilité.

De l’irritabilité de la fibre végétale. La fibre végétale a une irritabilité très-sensible chez certains végétaux. La mimosa pudica a une telle irritabilité que, lorsqu’on la touche, ses folioles se ferment, et leur pétiole s’affaisse ; c’est pourquoi on lui a donné le nom de sensitive. La dionœa, attrape-mouche, a une telle irritabilité, que si un insecte passe sur ses feuilles, elles se ferment avec une si grande promptitude que l’insecte se trouve pris. Plusieurs autres plantes ont la même irritabilité.

De l’excitabilité de la fibre végétale. Toutes les parties des plantes ont une excitabilité assez considérable. Nous avons déjà vu celle des trachées ; nous avons également rapporté que si l’on aiguise par quelque stimulant l’eau dont on arrose les plantes, elles végètent avec plus de force. Humboldt a prouvé qu’en trempant des graines dans une eau imprégnée d’acide muriatique oxigéné, elles germent plus promptement. La lumière est un puissant irritant pour les végétaux. Aussi, la plupart ont-ils moins d’excitabilité à l’obscurité et pendant la nuit ; ce qui produit en eux cet état que Linnée a appelé leur Sommeil. (Voyez ce mot.)

Les petits diaphragmes qu’on observe dans l’intérieur des grands vaisseaux aa, et des petits vaisseaux mmm, ont une grande excitabilité. Les liqueurs qui circulent dans les vaisseaux servent de stimulans.

Des causes de l’excitabilité et de l’irritabilité. L’auteur croit qu’elles dépendent de l’action galvanique que les parties médullaires et les parties fibreuses exercent l’une sur l’autre.

Ces différens agens font mouvoir les liquides des végétaux de la même manière que la lymphe, chez les animaux, se meut dans leurs vaisseaux lymphatiques.

Du système des organes de la nutrition. Ainsi que les animaux, les végétaux font des pertes continuelles par leurs différentes excrétions, principalement par leur transpiration. Ils ont donc également besoin de réparer ces pertes. C’est ce qu’opère la nutrition. Cette fonction essentielle suppose trois choses :

a, Le changement de la matière inorganique en matière organique.

b, Cette matière organique formée va se déposer, suivant les lois des affinités, vers les parties similaires.

c, Enfin, elle contracte une véritable adhérence, qui s’opère par les lois de la cristallisation.

Les végétaux sont composés principalement de charbon, d’oxigène, d’hydrogène, d’azote, de soufre, de phosphore, de silice, d’alumine, de chaux, de magnésie, de fer, de manganèse, de natron, de potasse, d’huile, de résine, d’acide, de fécule, de glutine, de fibrine. Les savans sont partagés d’opinion sur l’origine de ces diverses substances : les uns veulent que la plupart soient apportées du dehors dans le végétal ; l’auteur pense au contraire que la plus grande partie y est formée par les forces de la végétation, de la même manière qu’elles se forment dans les nitrières artificielles ; tandis que d’autres, telles que les différentes espèces d’air, sont fournies par l’atmosphère et par le terrain ; car tous les fruits délicats ont le goût de terroir, ce qui ne permet pas de douter que le terrain leur fournit beaucoup.

Cette formation nouvelle des différentes substances qui se trouvent chez les végétaux, est le produit de leur digestion ; car il y a chez eux une véritable digestion. Ils n’ont pas d’estomac, d’intestins comme les animaux ; aussi leurs alimens n’éprouvent-ils pas cette première digestion qui convertit les alimens des animaux en chyle. Mais le chyle, en entrant dans le torrent de la circulation, est converti en sang et autres liqueurs par une seconde digestion. Les alimens des végétaux n’éprouvent qu’une