Aller au contenu

Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les problèmes les plus abstraits de l’économie sociale se présentent toujours à lui sous des apparences plastiques et pittoresques. À ses yeux, il n’est pas de mécanisme économique qu’on ne puisse ramener à une composition de tableau, ni de problème international qui ne se résolve en une scène vivante, jouée par quelques acteurs qu’il crée lui-même, qu’il peint à l’instant et dresse sur le théâtre de son imagination. S’il attaque le système inutile et coûteux de paix armée qui règne entre les grandes puissances de l’Europe, c’est sous cette forme vive et colorée :

Mes amis, je ne sais pas ce qui remporte du ridicule ou du mélancolique dans cette chose-ci. Elle est l’un et l’autre à un point inénarrable. Supposez qu’au lieu d’avoir été mandé par vous en ce moment (pour vous donner des conseils sur la construction de votre Bourse) je l’aie été par un particulier, vivant dans une maison de la banlieue avec son jardin séparé seulement par un espalier de la porte de son voisin, et qu’il m’ait appelé pour me consulter sur l’ameublement de son salon. Je commence à regarder autour de moi et à trouver que les murs sont un peu nus ; je pense que tel ou tel papier serait désirable pour les murs, peut-être une petite fresque ici et là sur le plafond et un rideau ou deux de damas aux fenêtres. « Ah ! dit mon commettant, des rideaux de damas, certainement ! Tout cela est fort beau, mais vous savez, je ne peux me payer de telles choses, en ce moment ! — Pourtant le monde vous attribue de splendides revenus ! — Ah ! oui, dit mon