Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/287

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pouvoir est fondé purement, non sur des faits qui peuvent être communiqués, mais sur les dispositions qu’ils requièrent pour être créés. L’art ne peut être ni perfectionné par l’effort de la réflexion, ni expliqué par la précision du langage. L’artiste lui-même, s’il est vraiment grand, parle mal ou ne parle pas de son art. Tant qu’il hésite, il peut parler, mais dès le moment qu’un homme sait réellement faire son œuvre, il devient muet sur elle. Tous les mots lui deviennent inutiles, toutes les théories.... Est-ce qu’un oiseau fait des théories sur la construction de son nid ? » Est-ce que même les artistes ont jamais eu les intentions occultes ou métaphysiques que leur prêtent les critiques, dans le moment où ils trouvèrent la ligne maîtresse d’un geste, le rapport heureux de plusieurs tons, l’ordonnance inespérée d’un tout ? Non, cent fois non ! « Ils le firent avec la simplicité sans prétention de l’enfant et parce qu’ils sentaient et parce qu’ils aimaient ainsi. » Et c’est précisément « parce qu’ils firent de la sorte qu’il y a cette vie merveilleuse, cette variété et cette subtilité à travers tous leurs arrangements et que nous raisonnons aujourd’hui sur leurs gracieuses constructions comme sur quelque belle croissance des arbres de la terre qui, eux, ne connaissent par leur propre beauté.... »