Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/336

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la science pourrait être une mauvaise chose ? — Non, c’en est une bonne, comme la lumière, mais pourtant les papillons périssent en cherchant la lumière, et l’homme en cherchant la science. Hommes et papillons, nous devons demander à la lumière, moins d’éclairer les choses que de les embellir !

« Car admirer est la principale joie et le principal pouvoir de la vie. Tout ce que je vous ai suggéré jusqu’ici, vous pouvez le recevoir simplement comme un thème à réflexion. Mais cette dernière vérité, je la sais et vous devez la croire. Ayez du respect, ayez de l’enthousiasmé, ayez de la vénération — respect pour tout ce qui est brillant dans votre propre jeunesse, respect pour ce qui est expérimenté dans l’âge des autres, pour tout ce qui est gracieux parmi les vivants et grand parmi les morts et merveilleux dans les Pouvoirs qui ne peuvent pas mourir.... » C’est le secret du bonheur. Pour le ruskinien, il n’est d’autre plaisir que le plaisir esthétique, et, seul, il tient lieu de tous les autres. S’il est riche, il entreprendra, par un patronage habile, de fournir à la foule de quoi admirer. Il ne mettra pas ses ressources à une jouissance personnelle et d’un instant, mais à un monument qui servira à tous et à jamais. S’il a la chance de rencontrer un Michel-Ange, il ne lui comman-