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Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/96

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quand il parlait et qu’il nous expliquait les Esthétiques saintes ? »

On conte enfin qu’une nuit, à Rome, Ruskin, rêva qu’il était devenu frère franciscain et qu’il se dévouait à cette grande communauté qu’il a célébrée dans son chapitre sur Santa Croce. Peu de temps après ce songe, comme il montait l’escalier du Pincio, il s’entendit implorer par un vieux mendiant assis sur les marches. Il lui donna son offrande et allait continuer sa route, lorsque le mendiant lui saisit la main pour la baiser. Ruskin alors se penche vivement et embrasse le vieillard. Le lendemain, il voit entrer chez lui ce loqueteux, les larmes aux yeux, qui le prie d’accepter une relique précieuse, un morceau de drap brun, ayant appartenu, assure-t-il, à la robe de saint François. N’était-ce pas le saint lui-même, dit un biographe, qui était apparu à son disciple dans l’art d’interpréter les voix de la nature ? Quoi qu’il en soit, Ruskin se rappela son rêve et courut aussitôt en pèlerinage au couvent du saint d’Assise, rêvant d’y faire de grandes choses. On était au temps des fauchaisons. Il y fit les foins.

Il ne pouvait mieux choisir son patron, et nous ne pouvons l’assimiler à un plus pur modèle. Comme saint François, Ruskin fit de jolis miracles. Il fit écouter sa philosophie non des oiseaux à la