Page:Russell - Le Mysticisme et la Logique.djvu/82

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moins, peut-être, que ce ne soit pour le déclarer insoluble.

Avant Copernic, la conception de « l’univers » pouvait se défendre sur un terrain scientifique : la révolution diurne des corps célestes les groupait tous, comme autant de parties d’un même système dont la terre était le centre. Autour de ce fait soi-disant scientifique, beaucoup de désirs humains se rallièrent : le désir de croire à l’importance de l’homme dans le plan des choses ; le besoin d’une conception globale du Tout ; l’espoir que le cours de la nature pourrait, en quelque sorte, se diriger au gré de nos vœux. C’est ainsi que se constitua, sur des bases morales, un système métaphysique dont l’anthropocentrisme trouvait probablement à se compléter et à se confirmer dans le géocentrisme astronomique. Lorsque Copernic sapa les fondements astronomiques de ces conceptions, elles étaient devenues si habituelles et s’étaient si étroitement associées aux aspirations humaines qu’elles n’en furent presque pas diminuées ; elles survécurent même à la « révolution copernicienne » de Kant et constituent jusqu’à ce jour les prémisses implicites de la plupart des systèmes métaphysiques.

L’unité du monde est un postulat rarement contesté de presque toute métaphysique. « La réalité est non seulement une et non-contradic-