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Page:Russell - Le Mysticisme et la Logique.djvu/84

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I


En ce qui concerne le problème qui nous occupe à l’heure actuelle, celui de l’unité du monde, la bonne méthode, à mon avis, a été indiquée par William James[1].

« Considérons maintenant certaines façons ineffables ou inintelligibles d’expliquer l’unité du monde, et examinons si, au lieu d’être un principe, cette « unité », que l’on suppose, n’est pas simplement un mot comme « substance » qui indiquerait que certains rapports spécifiques et vérifiables se présentent en tant que parties du cours de l’expérience... On conçoit aisément des choses qui n’ont aucun rapport entre elles ; on peut supposer qu’elles se situent en des temps et en des lieux différents, comme les rêves d’autant de personnes distinctes. Elles peuvent être si différentes et incommensurables, et si indifférentes les unes à l’égard des autres, qu’elles ne se rencontreront ni ne réagiront entre elles. En ce moment même, il existe peut-être des univers entiers si distincts du nôtre, que nous, qui connaissons le nôtre, sommes incapables de savoir même qu’ils existent. Nous n’en concevons pas moins leur

  1. Some Problems of Philosophy, p. ia4.