Page:Russell - The Problems of Philosophy, 1912.djvu/15

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quelle autre personne normale entre dans la pièce, elle verra les mêmes chaises, tables, livres et papiers que je vois, et que la table que je vois est la même que la table que je sens en m’y appuyant avec mon bras. Toutes ces choses semblent être si évidentes qu’elles méritent à peine d’être énoncées, excepté pour répondre à un homme doutant que je sache quoique ce soit. Pourtant, tout cela peut être mis en doute de manière raisonnable, et chaque point exige une discussion plus soigneuse avant que nous puissions être sûrs que nous en avons jugé sous une forme qui soit entièrement vraie.

Pour clarifier nos difficultés, concentrons notre attention sur la table. Pour l’œil, elle est oblongue, brune et brillante ; pour le toucher, elle est lisse, froide et dure ; quand je la frappe, elle renvoie le son du bois. Toute autre personne voyant, sentant et entendant cette table sera d’accord avec cette description, en sorte qu’il semblerait qu’aucune difficulté ne puisse surgir ; mais dès que nous essayons d’être plus précis nos ennuis commencent. Bien que je croie que la table est « vraiment » d’une seule et même couleur, les parties qui reflètent la lumière semblent beaucoup plus claires que les autres, et quelques