Page:Russell - The Problems of Philosophy, 1912.djvu/20

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pendant que nous nous déplaçons dans la pièce ; en sorte qu’ici encore les sens semblent ne pas nous donner la vérité au sujet de la table elle-même, mais seulement au sujet de l’apparence de la table.

Des difficultés similaires surviennent quand nous considérons le sens du toucher. Il est vrai que la table nous donne toujours une sensation de dureté, et nous éprouvons qu’elle résiste à la pression. Mais la sensation que nous obtenons dépend de la force avec laquelle nous appuyons sur la table et également de la partie du corps avec laquelle nous appuyons ; ainsi ne peut-on supposer que les diverses sensations dues à des pressions diverses ou à des parties diverses du corps indiquent directement la moindre propriété précise de la table, mais, tout au plus, qu’elles sont des signes de quelque propriété qui cause peut-être toutes ces sensations, mais qui n’est réellement évidente dans aucune d’entre elles. Et le même raisonnement s’applique de manière encore plus évidente aux sons qui peuvent être obtenus en frappant la table.

Ainsi devient-il évident que la vraie table, s’il y en a une, n’est pas identique à ce que nous éprouvons immédiatement par la vue, le toucher ou l’ouïe. La vraie table, s’il y en a une, n’est pas du tout connue de nous immédiatement, mais doit