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Page:Russell - The Problems of Philosophy, 1912.djvu/74

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C’est dans ce sens que nous connaissons les données sensorielles. (La distinction est à peu près celle qui existe entre savoir et connaître en français, ou entre wissen et kennen en allemand).

Ainsi, l’affirmation qui semblait être un truisme devient, lorsqu’elle est reformulée, la suivante : « Nous ne pouvons jamais vraiment juger que quelque chose dont nous n’avons pas l’accointance existe ». Il ne s’agit nullement d’un truisme, mais au contraire d’un contresens flagrant. Je n’ai pas l’honneur de connaître l’empereur de Chine, mais je juge vraiment qu’il existe. On peut dire, bien sûr, que j’en juge ainsi parce que d’autres personnes en ont l’accointance. Mais ce serait une réplique hors de propos, puisque, si le principe était vrai, je ne pourrais pas savoir que quelqu’un d’autre en a l’accointance. Mais, bien plus : il n’y a aucune raison pour que je ne connaisse pas l’existence de quelque chose dont personne n’a l’accointance. Ce point est important et demande à être élucidé.

Si j’ai l’accointance d’une chose qui existe, mon accointance me permet de savoir qu’elle existe. Mais il n’est pas vrai qu’à l’inverse, chaque fois que je peux savoir qu’une