Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88
DE MONSEIGNEUR ANSEAU DE L’ISLE.

Quar la mort, qui les bons esmonde,
Par qui larguesce est esmondée,
A or pris l’un des bons du monde.
Las ! com ci a male estondée !
De France a osté une esponde[1] :
De cele part est afondée[2].

Avoec les sainz soit mise en sele[3]
L’âme de mon seignor Ansel,
Car Diex, qui ses amis ensèle,
L’a trové et fin[4] et féel ;
Mès la mort, qui les bons flaèle[5],
A aporté félon flael ;
A l’Isle fors lettres saèle :
Osté en a le fort séel.

Je di fortune est non voianz,
Je di fortune ne voit goute,
Ou en son sens est desvoianz ;
Les uns atret, les autres boute.
Li povres hom, li meschéanz
Monte si haut chascuns le doute ;
Li vaillanz hom devient noianz :
Issi va sa manière toute.

Tost est uns hom enson[6] la roe :

  1. Esponde, digue, défense.
  2. Ms. 7633. Var. Effondée.
  3. Ms. 7633. Var. Ancele. — Ms. 7615. Var. En celle.
  4. Ms. 7615. Var. Bon.
  5. Ms. 7615. Var. Encelle.
  6. Enson, pour en dessous. — Cette strophe manque au Ms. 7615. — Voyez, comme rapprochement d’idées sur le même sujet, pag. 177 et sui-