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ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

par-devant l’autel. Puis viennent les barbares, Arabes, Normands, Allemands. Chaque fois la Sicile espère et désire, chaque fois elle souffre ; elle se tourne, se retourne, comme Encelade sous le volcan. Faiblesse, désharmonie incurable d’un peuple de vingt races, sur qui pèse si lourdement une double fatalité d’histoire et de climat ! »

Voici maintenant sur Charles d’Anjou et Mainfroi quelques détails qui se trouvent dans le Roman de la Rose. Jehan de Meung, citant les exemples célèbres, fait dire à la Raison (voyez page 118, tome II, édition de Méon) :

C’est de Mainfroi, roi de Sésile,
Qui par force tint et par guile
Lonc tens en pès toute sa terre,
Quant li bons karles li mut guerre,
Conte d’Anjou et de Provence,
Qui par devine porvéance
Est ores de Sésile rois,
Qu’ainsinc le volt Diex le verois,
Qui tous jors s’est tenus o li.
Cist bon rois Karles l’en toli
Non pas sans plus la seignorie,
Ains li toli du cors la vie.
Quant à l’espée qui bien taille,
En la primeraine bataille
L’assailli por li desconfire,
Eschec et mat li ala dire
Desus son destrier auferrant
Du trait d’un paonnet errant
Ou milieu de son échiquier.
De Corradin parler ne quier
Son neveu dont l’exemple est preste,
Dont li rois Karles prist la teste
Maugré les princes d’Alemaigne :
Henri, frère le roi d’Espaigne,
Plain d’orguel et de traïson
Fist-il morir en sa prison, etc.

Et plus loin (même édition, page 124) :

Cis vaillans rois dont ge te conte
Que l’en soloit tenir à conte,
Cui nuis et jors et mains et soirs,