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ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

Atant se sont parti dou conte à grant doutanche
Pour Mainfroi qui faisoit gaitier à grant veillanche
Les passages partout ; mais pour le perchevanche
S’en alèrent par mer, et bons cuens les avanche
Tant qu’il vinrent à Rome et tout sans mesquéanche,
Et furent rechéu à mout grant honneranche.
Bien font canque li queins leur mist en ramembranche ;
Désormais ne sont plus li Romain en balanche
De le venue au conte, ains gardent l’aimanche
Ou païs de se gent et en sénéfianche
Qu’il tiennent à signeur le filz au roy de Franche.

Pour cest faus qui ne prent garde au commenchement
Qui marier se veut à cui il se consent,
Car il vient miex eslire un bon cors bel et gent
Qui ait sens et valour et bon entendement,
Con poi qu’il ait d’avoir, que caroigne et argent ;
Car sens atrait avoir et amis ensement,
Mais proueche ne sens on n’acate ne vent ;
Si qu’il pert à Charlon, qui fu premièrement
Simples queins et puis rois, encore miex atent ;
Car seur tous a proueche et sens et hardement,
Et s’a Dieu en aieue, à cui riens ne se prent ;
Car canques il avient desous le firmament
Vient du pooir de Dieu et du consentement.
On dist, si quiet aucun bien ou mauvaisement,
Que c’est de son éur, mais qui le dist il ment ;
Ains sont si très soutil de Dieu li vengement,
Qu’il nous chiet bien ou maus selonc nostre errement.
Pour chou que Charles a fait par l’ensengnement
De Dieu et de l’Église avint-il où il tent,
Et Diex li voeille aidier selonc chou qu’il emprent !


Explicit du Roy de Sézile.

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