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ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

Qu’il face quanque vos vorrés ;
Car de bien faire li porrés
La moitié plus qu’il ne vorroit
Ne que souhaidier ne porroit.
Por ce l’ai-ge ci amené.
Ses évesques l’a mal mené,
S’en a le cuer taint et noirci ;
Conseilliez-l’en, par vo merci. »

Li doubles respont à tant ;
« Por ce que tu m’en pries tant,
S’il renoie sanz demorance
Et son baptesme et sa créance,
Dieu et sa mère et sains et saintes,
Encor li donrai honors maintes.
Cele méisme qu’a perdue
A grant feste li ert rendue,
Et s’iert de l’évesque si sire
Que mander ne vorra ne dire
Que li évesques tot[1] ne face.
Mès il ne puet avoir ma grâce
Ne ne puet estre que je l’oie
Se sa créance ne renoie,
Son Dieu et sa mère Marie
Qui jor et nuit tant me tarie[2]
Et tant me tolt[3] de toz mes droiz
Que je la has en toz endroiz ;
Et si convient, sanz nule aloigne,
Que bobe chartre encor m’en doigne.
Maint crestien m’ont décéu :
Quant du mien ont assez éu,
Et mes honors et mes hauteses,
Mes granz avoirs, mes granz richeses,
Si se confessent et repentent,
Et ensi me guilent et mentent[4].
Mes amors[5] prennent et reçuevent[6],
Et puis après si me deçuevent
Luès droit qu’à confession viennent.

  1. Ms. 2710. Var. Luez droit.
  2. M’attaque, me presse, me provoque.
  3. Ms. 2710. Var. M’esqueut.
  4. Ms. 7987. Var. Encantent.
  5. Ms. 7987, 2710. Var. Honors.
  6. Ce vers, non plus que le précédent, n’est pas dans le Ms. de l’Arsenal.