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NOTES

Dont il estoit en tel fréor.
Près s’aproche du péchéor
La mère Dieu par sa franchise,
Et si li a la chartre mise
Deseur le piz mult doucement.
Théophilus isnelement
De la joie s’amervillie[1],
Ne plaint çou qu’il l’a travaillie[2].
De la chartre, quant l’a véue,
Dedenz son cuer en a éue
Si grant léesse et si grant joie
Toz li courages l’en effroie.
Si durement s’en esmerveille
Qu’à peines set s’il dort ou veille ;
Si grant joie a, ne set qu’il face.
Envers le ciel liève sa face,
Piteusement plore et sopire.
« Ha, mère Dieu ! que porrai dire ? »
Ce dit li las tot en plorant.
« Tant t’ai trouvée secorant,
Tant bénigne et tant débonère
Que ne l’ sai dire ne retrère.
Douce Dame, bien puis véoir
Ta grant doçor et ton pooir ;
Haute Dame de haut renom,
Luès qu’apelai ton poissant non
Et luès qu’an toi mis m’espérance,
Perdi déable la poissance.

« Si tost com vit li anemis
Que mon afaire eus seur toy mis[3],
Abaubiz fu, maz et confus.
Ha, douce mère Diu ! comme fus[4]
Concéue d’eureuse eure !
Secouruz est bien sanz demeure
Cui ta douçor deingne secore.

  1. Ms. 2710. Var.
    De la joie s’est esvilliés :
    Durement s’est esmervilliés.
  2. Ce vers manque au Ms. 1672.
  3. Ce vers manque au Ms. 1672.
  4. Ce vers manque au Ms. 1672, et le suivant au Ms. 6987.