Page:Ryan - Les hommes du jour William Cornelius Van Horne, 1892.djvu/12

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des termes de l’union, et la colonisation du Manitoba se trouvait retardée par le manque de communications au moyen de voies ferrées avec le reste du Dominion.

Cependant, il s’était fait beaucoup de choses sous l’administration Mackenzie. L’embranchement de Pembina, qui plaçait la ville de Winnipeg en communication de chemin de fer avec les États-Unis, fut complété ; les sections de la ligne principale, entre la baie du Tonnerre et la rivière Rouge, furent mises en construction et l’on fit l’exploration d’une route praticable à travers les prairies et les montagnes Rocheuses par la passe de Yellow Head. En sus, on avait mis fin, au moyen de divers traités avec les différentes tribus, au droit qu’elles possédaient sur le territoire propre à la pêche à la baleine. Des colons, attirés par la grande fertilité du sol et la salubrité du climat, commençaient à se répandre dans le Manitoba. Un avenir superbe, riche en promesses de toutes sortes qui peuvent contribuer à la prospérité ainsi qu’au bonheur d’un peuple, s’ouvrait pour ce pays.

Quand on écrira l’histoire du chemin de fer du Pacifique Canadien, on y trouvera le sujet d’un roman aussi merveilleux, sous bien des aspects, que beaucoup de contes enchanteurs des Mille-et-Une Nuits.

Jamais le génie de l’homme n’a conçu une plus grande entreprise que celle d’ouvrir à la civilisation un continent dont les deux tiers ne formaient qu’une solitude inexplorée. À travers les vastes prairies où, de temps immémorial, le chasseur sauvage poursuivait le bison dans les solitudes sans bornes, à travers de larges marais dont les profondeurs traîtresses semblaient défier l’homme de jamais passer au-dessus, à travers des chaînes de montagnes dont les pics couverts de neige éternelle et la base entourée de glaciers paraissaient imposer une barrière infranchissable à tous ceux qui voudraient oser pénétrer dans ces régions inhospitalières, le peuple canadien entreprit la construction d’un chemin de fer de plus de deux mille milles de long ! Combien à bon droit pourrait-on dénommer cette entreprise :

 « Une consécration sauvage des Canadiens
À des eaux inconnues et à des rivages ignorés ! »

Mais si les obstacles matériels de cette vaste entreprise apparaissaient insurmontables à l’imagination, eu égard à l’immensité du travail à accomplir, combien plus difficile encore ne devait-elle pas sembler à ceux qui en considéraient la partie financière ! Il ne faut