Page:Ryan - Les hommes du jour William Cornelius Van Horne, 1892.djvu/14

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Enfant du peuple, je puis dire, le jeune Van Horne avait peu d’avantages à sa disposition pour débuter dans la vie. Ses parents n’ayant pas été comblés des dons de la fortune, il dut, de bonne heure, unir ses efforts aux leurs pour gagner son pain. Le commencement de sa carrière offre une grande analogie avec celle de feu Thomas J. Potter, vice-président du chemin de fer de l’Union du Pacifique, qui débuta dans la vie dans d’aussi modestes conditions. C’est cependant un fait d’une signification singulièrement remarquable, que presque tous ceux qui se sont rendus fameux dans le grand monde des chemins de fer sont sortis du peuple, comme pour se distinguer de ceux qui possédaient les avantages de la fortune et puiser dans cette défaveur du sort l’énergie nécessaire pour leur faire gravir les plus hauts échelons de la fortune.

Enfant, il se montra remarquablement intelligent et habile et possédait des manières engageantes. Mais, si l’on en croit les anecdotes de sa jeunesse, il était très espiègle. Ceci n’est cependant pas inusité chez les enfants intelligents. Lui, dans ses tours et ses farces, donnait de grands indices de ressources mentales et mécaniques que peu d’enfants possèdent.

« La belle science ne se refrogna pas sur son humble aisance, »

et l’on ne saurait dire que

« La mélancolie le marqua à son sceau. »

À l’âge où la plupart des jeunes gens luttent contre les mystères de l’arithmétique, il commençait sa carrière dans les chemins de fer au bas de l’échelle, comme garçon de bureau à la gare de sa ville natale. Là, son esprit éveillé et son empressement à se rendre utile attirèrent l’attention de ses supérieurs, tandis qu’il acquérait une connaissance de l’électricité qu’il semble avoir appliquée à des usages aussi amusants que pratiques. À l’âge de treize ans, il était attaché au service du chemin de fer de l’Illinois Central.

Il n’y a pas de position dans la vie où l’esprit d’un jeune homme s’aiguise mieux qu’à une gare de chemin de fer. L’activité physique et mentale la plus acérée et la plus alerte y est requise à tout moment ; tandis que le contact immédiat avec toutes sortes de caractères est, en lui-même, un enseignement des choses du monde, des faibles de l’humanité, de la nécessité du contrôle sur soi-même et de la décision de caractère. Aussi, quand un jeune homme possède, comme