Page:Ryan - Les hommes du jour William Cornelius Van Horne, 1892.djvu/20

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faut, naturellement, lui tenir compte aussi de ses aptitudes naturelles ; mais, comme John Stuart Mill, il nie l’idée de supériorité personnelle innée, et croit que tout homme doué de qualités ordinaires peut aussi bien réussir, à condition qu’il en prenne la peine. Une semblable modestie se remarque souvent chez les grands hommes, car, ainsi que Hazlit en a fait l’observation, il n’y eut jamais de grands hommes qui se crussent grands. Si, pourtant, comme l’a dit Mercier, le grand homme est celui qui ne perd jamais son cœur d’enfant, alors voilà l’homme dont la carrière nous paraît digne d’être dénommée grande.

Les affaires relatives aux voies ferrées sont cependant celles qui mettent en activité les facultés les plus puissantes de l’application aux affaires qui concernent chacun et sont comprises de tous. En vérité, l’on peut dire que les transactions d’affaires, les plaisirs, le bien-être et même le confort de chacun dépendent aujourd’hui beaucoup de la sagesse qui préside à la direction des chemins de fer. Ceux-ci sont entrés si intimement dans notre vie de chaque jour, que les gens ne cessent de penser de combien ils leur sont redevables. Mais là où ils réalisent bien cette vérité, c’est lorsque quelque grand désastre vient arrêter le courant ordinaire du trafic. À côté du labeur constant que nécessite la direction de ce vaste courant du trafic, les gérants de chemins de fer doivent se tenir en tout temps prêts à la guerre. C’est à dessein que je me sers du mot : guerre ; car la compétition entre eux, c’est la guerre, et souvent la guerre à coups de couteau. En même temps, il leur faut être sur leurs gardes contre les fraudes de toutes sortes, au-dedans et au-dehors. Aussi la loi a-t-elle dû composer tout un nouveau code à cause de tant de réseaux de voies ferrées différentes.

Quand un chemin de fer fonctionne depuis longtemps, tous les détails de son organisation sont concentrés dans un système précis, et il est comparativement facile à un homme d’expérience dans la direction des chemins de fer d’en assumer la gérance. Bien différente était la condition du chemin de fer du Pacifique Canadien, quand M. Van Horne en prit la direction générale.

Il avait à déterminer la route à suivre pour une partie considérable de la voie, à en surveiller la construction, à en organiser tous les départements, à choisir les hommes qui en prendraient la direction, en un mot à en créer toute l’organisation et à la mettre en mouvement. La manière dont il accomplit cette tâche herculéenne et le succès