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qu’obtint le chemin depuis le jour où M. Van Horne en fut chargé, sont des preuves magistrales de sa haute intelligence.

Quoiqu’il ait une carrière très occupée et qu’il se soit toujours dévoué avec une infatigable assiduité à l’accomplissement de ses devoirs, il a, cependant, trouvé le temps d’orner richement son intelligence. Il est très profondément, très largement versé dans la littérature, et il a de profondes connaissances historiques. Il aurait évidemment plus de réputation comme homme de science, s’il avait consacré plus de son talent aux études que recherchent ceux qui veulent faire servir les forces de la nature au bien-être du genre humain. Doué d’une pénétration intellectuelle extraordinaire et d’une mémoire prodigieuse, il n’oublie jamais ce qu’il a lu ou observé. Il se montre particulièrement habile en matière d’électricité, et, comme ingénieur, il pourrait prendre place parmi les hommes les plus capables de cette profession. Mais c’est comme artiste, comme peintre de paysage qu’il excelle. C’est son dada. Il aime l’art pour l’art. Non-seulement ses toiles montrent une maîtrise des mystères de la couleur, mais encore une compréhension de la nature et une connaissance intime de ses manifestations, que seuls peuvent acquérir un esprit et un cœur assoiffés de l’amour du grand et du beau.

Sa résidence, sur la rue Sherbrooke, à Montréal, l’une des plus somptueuses de cette cité de princes marchands, est remplie des trésors de l’art, d’œuvres des grands maîtres dont la valeur paierait la rançon d’un roi ; des objets d’un art plus moderne ornent aussi les murs de cette demeure splendide. On y admire encore une collection superbe de productions artistiques anglaises, flamandes, françaises, italiennes, chinoises et japonaises, non-seulement en peinture, mais en sculpture, bronzes, porcelaines et tapisseries, sans compter les vases antiques et les colonnes provenant des ruines des cités antiques. Il a su rassembler autour de lui tout ce que peut donner la richesse, jointe à un goût exquis. Quand il n’est pas absent de la ville, c’est ici qu’il reçoit les visiteurs, qui sont toujours admis et reçus de la façon la plus charmante qu’il soit possible d’imaginer. Simple, extrêmement modeste et de manières si engageantes, il met chacun à l’aise en un moment. Simplicité, droiture, sincérité, absence complète de prétentions, désir de plaire et qu’on lui plaise, sont les traits qui le caractérisent. Mais, de temps à autre, il révèle dans la conversation, évidemment à son insu, les profondeurs de son intelligence, que