Page:Ryner - L’Homme-fourmi, Figuière.djvu/190

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les provisions afin qu’un grand nombre de nous pussent, mandibules libres, retarder la poursuite. Plus tard, quand les brigands se seraient désintéressés de ce nid sans nymphes nous reviendrions, prudemment, furtivement, chercher notre blé.

— Elles forcent toutes les portes ! dit Hannibal.

La galerie de la chenille fut rouverte. Des ouvrières prirent les nymphes, les œufs, les larves, et l’exode commença. Nous sortîmes toutes avant l’arrivée des amazones. Les fourmis chargées se réfugièrent dans le nid creusé par Hannibal et ses compagnes, s’y barricadèrent solidement. Je restai aux abords de la cité envahie, avec la troupe qui devait se sacrifier pour faire gagner du temps à nos amies.

Mais j’eus une idée dont je suis encore aujourd’hui très fier. Après avoir fermé de dehors la galerie par où nous avions fui, j’avançai jusqu’au cratère pour voir si des amazones restaient hors de la ville. Toutes étaient dans la fourmilière. Nous fîmes écrouler le cratère sur l’entrée, et nous chargeâmes cette ruine d’une lourde pierre.

Je courus annoncer cette opération.

Hannibal fut très heureuse :

— Elles sont si bêtes ! dit-elle. Elles vont chercher indéfiniment dans les galeries vides. Puis elles dormiront où elles se trouveront. Demain seulement, après avoir longuement constaté qu’il n’y a