Page:Ryner - L’Homme-fourmi, Figuière.djvu/231

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XXXIX

Le combat de folie cesse. Car une lumière, brutale de soudaineté, nous aveugle. L’écran enlevé laisse le jour traverser la feuille de verre. Et l’homme, l’horrible tortureur, regarde avidement tous nos maux.

Il prend notre cage, ouvre le châssis par le milieu, comme un géant séparerait en deux moitiés un immense palais. Son geste dévastateur a démoli la ville, éventré cases et galeries et maintenant, devant ses doigts qui veulent nous saisir, parmi les décombres croulants, éperdument nous fuyons.

L’une après l’autre, il nous a saisies. Il nous a mises dans une boîte toute semblable à la première avant nos constructions ; elle est vide, elle est nue, sans abris, sans provisions, mais aussi elle est toute neuve, toute fraîche. Au sortir de la cité empestée, elle nous semble à peine mal odorante : elle porte seulement l’odeur des doigts humains, si suffocante à nos organes sains, presque inaperçue par notre odorat que le charnier surmena. Et la