Page:Ryner - L’Homme-fourmi, Figuière.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VII

Je rejoignis mes compagnes pour me mêler à leurs travaux. Elles étaient de taille très inégale. Les unes me paraissaient des géantes extraordinaires ; d’autres, d’invraisemblables naines. Et, entre les deux extrêmes, toutes les tailles intermédiaires existaient.

Les proportions du corps, admirables chez les petites et les moyennes, étaient moins heureuses chez les géantes. Celles-ci me déplaisaient par leur énorme tête tronquée et cylindrique, formidablement mais lourdement armée. Leur marche, plus rapide que la mienne, avait pourtant quelque gaucherie. Elles portaient leur tête comme un fardeau mal placé et rétablir dans le corps disproportionné méchant, embarrassant. On eût souhaité transformer leurs palpes en pattes pour soutenir le poids mal placé et rétablir dans le corps disproportionné un peu d’harmonie et d’équilibre.

J’étais portée à mépriser, comme une infériorité, la petitesse, pourtant exquisement gracieuse, des naines. Et les fourmis qui avaient à peu près ma taille m’étaient les plus agréables à voir.