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XI

La ville souterraine se composait de vingt-deux étages de rues. On y entrait par un cratère formé de parcelles de terre superposées, mur glissant et croulant, excellent rempart contre les attaques du dehors, mais si fragile et toujours en réparations. Il nous protégeait aussi contre les pluies, les lacs éphémères et les torrents soudains qu’elles créent. Il donnait accès dans un long et étroit boyau oblique très facile à défendre.

Aux heures de danger, on faisait garder cette galerie par un soldat, un de nos géants de douze millimètres. Son énorme tête cylindrique et brusquement tronquée servait de porte. Elle était un bouchon fermant exactement un goulot. Aiguillons et crocs glissaient sur sa dureté lisse. Parfois, à un moment favorable, le bouchon s’émouvait, avançait vers le cratère ; de formidables mandibules s’ouvraient, entraient dans la tête d’un assaillant. Puis, rapidement, sans même essayer d’écarter de nouveau ses mâchoires, le soldat reculait un peu en arrière de son premier poste et,