Page:Ryner - L’Homme-fourmi, Figuière.djvu/73

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Et ces heures-là ont leur douceur lentement berceuse.

On finit par céder, avec une indulgence indifférente, à la nécessité de rentrer dans sa vie. Et peu à peu — oh ! non, certes, on ne se soucie pas des résultats : quand on porte en soi un tel mélange d’enfer et de paradis, comment serait-on encore touché des choses de la terre ? — mais la superficie de notre âme s’intéresse, curieuse et souriante, au spectacle.

Ma mélancolie farouche me retint loin des travaux du dehors. Longtemps j’errai au hasard, m’arrêtant sans savoir pourquoi, reprenant sans raison ma marche sans but. Mais par degrés mon inaction devint observatrice et je finis par étudier parfois de mes yeux, presque toujours de mon odorat et du toucher de mes antennes, le labyrinthe qu’était ma nouvelle patrie.