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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/102

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ce défaut et fermer le fond du vase ? Il suffit pour cela de connaître la nature de nos désirs.

L’analyse et la critique du désir sont peut-être ce qu’il y a dans l’épicurisme de plus admirable et de plus utile.

Épicure distingue trois sortes de désirs. Envers chaque espèce, l’attitude du sage sera différente.

Il y a des désirs naturels et nécessaires, comme la faim et la soif. Le sage les satisfait. Il supprime ainsi une douleur et un trouble. Ainsi il se donne des plaisirs qui sont souverains et inaugmentables. Ces besoins sont d’ailleurs peu exigeants et faciles à rassasier. L’eau et même le pain ne sont pas choses rares.

Il y a, en second lieu, des désirs naturels mais non nécessaires, celui, par exemple, de varier ses aliments. Le sage leur accorde négligemment ce qui se présente de soi-même. Il leur refuse ce qui demanderait quelque effort et ne permet pas à ces sourires naturels de devenir exigences et besoins artificiels. Incapables d’accroître le plaisir, ils le varient seulement. Cette diversité est d’un prix suffisant pour qu’Épicure accueille, aux jours de fête, les figues et le « fromage cithridien », non pour qu’il travaille et sue à se les procurer.

Enfin, il y a des désirs qui ne sont ni naturels