Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/116

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per non en tant qu’hommes, mais en tant que fidèles d’une même croyance ou en tant que compatriotes. Et nos devoirs, paraît-il, ne sont pas les mêmes envers ces frères ou ces concitoyens et envers les autres hommes. Nous devons défendre les premiers ; mais les étrangers ou les infidèles, souvent à craindre, sont parfois bons à tuer. Il est méritoire, certains jours, de les piller, de violer leurs femmes, de les conquérir, de les asservir à notre « liberté » ou à notre sainte religion. Ce sont là morales de troupeaux, dit Nietzsche avec trop d’indulgence. Morales plutôt ou disciplines d’armées et de bandes.

Contre ces prédications d’obéissance qui éteignent dans l’individu toute lumière personnelle, et amortissent tout ressort éthique, s’élèvent les exhortations contraires des Calliclès, des Stendhal, des Nietzsche. Ceux-là veulent nous enseigner ou s’enseigner non plus la servitude, mais la domination.

À la fin du xixe siècle et au commencement du xxe, le succès de Nietzsche avait permis à sa doctrine d’accaparer le nom d’individualisme. Quand Brunetière et quelques autres avaient combattu le nietzschéisme, ils se vantaient d’avoir abattu l’individualisme. À cette époque, dans divers