Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/117

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milieux populaires, j’exposais, sous le nom d’individualisme, une sagesse voisine de l’éthique stoïcienne. Toujours quelque nietzschéen se levait pour m’interdire le titre glorieux. Ainsi, pour les disciples comme pour les adversaires, il n’y avait d’autre individualisme que celui du danseur Zarathoustra. Le jeu de la discussion a ses règles : je répondais à mon contradicteur en lui refusant le nom qu’il me refusait. Je souriais pendant l’inutile et superficielle controverse ; mais lui restait sérieux. Tout nom de doctrine devient, au moins pour un temps, ici un titre de noblesse, là une injure ; et il est difficile, à certaines époques, de prononcer sans passion certains mots en isme.

Le point de départ de Calliclès, de Stendhal ou de Nietzche est individualiste. « Ceci est mon bien que j’aime, — s’écrie Zarathoustra, — c’est ainsi qu’il me plaît tout à fait, ce n’est qu’ainsi que je veux le bien… Je ne le veux point tel le commandement d’un Dieu, ni tel qu’une loi et une nécessité humaine »[1].

  1. Je souligne le mot pour la légère incertitude de sa signification. Je crois que ce qui est repoussé ici, c’est la loi écrite et la nécessité créée par les hommes. À l’entendre autrement, à supposer que Zarathoustra rejette la