Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/118

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Mais ce bien qu’il veut, c’est la puissance, la puissance sur d’autres hommes. Comme Hobbes, il ne voit rien de plus « universel et de plus profond dans la nature que le besoin de dominer… Partout où j’ai trouvé quelque chose de vivant, j’ai trouvé de la volonté de puissance ; même dans la volonté de celui qui obéit, j’ai trouvé la volonté d’être maître. »

Peut-il y avoir des maîtres sans esclaves ? Pas plus que des esclaves sans maîtres. Les servilistes sont forcés d’admettre implicitement deux morales : celle des maîtres à côté de celle des esclaves. La même nécessité s’impose aux doministes. Nietzsche, qui en a conscience, l’accepte joyeusement. « Es-tu celui qui avait le droit de s’échapper du joug ? Il y en a qui perdent leur dernière valeur

    loi non écrite et la nécessité naturelle, on se trouverait devant une de ses innombrables et décevantes contradictions. (Sur les contradictions nietzschéennes, les curieux pourront lire, dans mes Apparitions d’Ahasvérus, le chapitre VIII). Nietzsche, en effet, comme va l’indiquer le texte, affirme que la volonté dominatrice est la première des tendances naturelles, ce qu’il y a de plus profond dans le vivant. — Mais peut-être méprise-t-il l’étroitesse de ce qui est assez peu universel pour n’être qu’humain. Alors ce libérateur réclamerait une nécessité plus lourde et inéluctable ; ce dominateur passerait sous un niveau plus bas.