Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/127

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siques différentes peuvent porter le même nom. Pourtant, quand personnalisme est le nom d’une morale indénouablement liée — selon un mode à peu près kantien — à une métaphysique singulière et puissante, comment l’appliquer aussi à une humble sagesse qui se voudrait affranchie de toute métaphysique.

Le personnalisme étant peu connu du grand public, m’emparerais-je de ce nom comme d’une terre mal défendue ? Ce vol ou cette conquête n’est pas tout à fait dans mon caractère. M’imposerais-je donc, à chaque détail, d’exposer, avant ma pensée, la thèse de Renouvier, puis celle de Louis Prat et d’étudier en quoi diffèrent les trois attitudes ? Quelle méthode lente, alourdissante, onéreuse !

Il m’est plus avantageux de me déclarer individualiste. D’avoir été à la mode, d’avoir servi aux habiles et aux maladroits, le mot est devenu souple. Il n’exprime plus qu’une tendance un peu vague. Si, pour quelques esprits, il fait songer encore au nietzschéisme, on se dégage à bon marché de cette solidarité. L’opposition, peut-être, deviendrait facilement classique qui affronte l’individualisme de la volonté de puissance et l’individualisme de la volonté d’harmonie.