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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/139

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regarder directement avec mes yeux, sans lunettes colorées de préjugés. Et je veux que mon action, toujours vivante et responsable, exprime toujours mon être intérieur. Je vous écoute avec mépris, meurtrières qui me voulez « docile comme un cadavre ».

Un fraternisme hâtif et étourdi risquerait de me livrer à des forces mauvaises ; il risquerait de me faire aimer dans le prochain et dans moi-même ce qui n’est pas aimable. D’autre part, si je ne suis pas un être en qui domine l’instinct d’amour, son commandement reste inutile.

La méthode subjectiviste me paraît échapper à ces dangers, et elle me paraît plus efficace.

Le pouvoir direct que je n’ai à aucun degré sur mes sentiments, je l’ai en quelque mesure sur ma pensée. Je puis diriger mon attention, l’appeler et l’arrêter sur tel objet plutôt que sur tel autre, je ne saurais tenter directement d’aimer ; je puis, me semble-t-il, essayer de me connaître.

Le servilisme se prêche volontiers au nom de l’amour ; le dominisme, au nom de la liberté. Pour échapper aux deux mensonges ; pour être certain