Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/160

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livre l’outil de leur propre perfectionnement, il y en a, mais aussi rares peut-être que les sages qui méditent sans prétexte.

Or le progrès social ne peut qu’intégrer des progrès individuels.

À comparer les conditions des progrès matériels et du progrès éthique, les différences m’ont paru longtemps interdire tout espoir raisonnable.

L’industrie s’alimente à une science que l’ouvrier n’a besoin ni de découvrir ni de comprendre aux profondeurs. L’industrie est, au vrai, une routine qui s’alimente à une science. Et ses amendements de détail sont le plus souvent des tâtonnements heureux. Si le travail de chaque électricien exigeait le génie d’Ampère ou de M. Branly, l’électricien deviendrait un être rare. Toute conquête dans son domaine se manifesterait triomphe précaire et d’un homme, non acquisition pour toujours et richesse de l’humanité. On referait indéfiniment les mêmes inventions sans que le génie d’aujourd’hui avançât plus loin que celui d’hier ou d’avant-hier. Ce qui permet le progrès industriel c’est, me semble-t-il, que le cerveau qui a trouvé et les mains qui exécutent peuvent appartenir à des êtres différents. Ce qui permet le progrès scientifique, c’est qu’il est autrement facile