Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/167

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espoirs humains deviennent légitimes, tous les rêves durables sont des réalités futures, chaque noble attente contient une promesse. Un désir de l’homme, c’est toujours présage de mille défaites, de mille catastrophes et d’un succès définitif.

Mais nulle richesse éthique ne sortira, blé jailli d’un gland, de la pauvreté rugueuse des progrès matériels. Ce sont choses d’un autre ordre. La liberté ne sera pas, comme l’imagine Spencer, fille de la nécessité. Notre vouloir persévérant la créera, non l’évolution ou l’accident. Et il ne faut pas que ce bien extérieur, loin de nous à une distance que nous n’osons même déterminer, devienne un appui et un besoin de la beauté intérieure, qui dépend de nous dès aujourd’hui.

Pour l’amour même de cette poésie, j’oublie, comme agent, cette poésie. Ainsi l’espérance reconquise ne me coûte rien. Elle ne modifie en rien ma fermeté ou mon action. Loin qu’elle exige des sacrifices, elle renforce mes raisons de ne jamais me sacrifier dans ce qui est vraiment moi, dans la clarté de ma raison, dans la pureté de mon cœur et de mes mains.