Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/171

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des questions, ma mission n’est pas de répondre. » Loin de tout dogmatisme, sa parole, comme la parole de Socrate, est ironique ou maïeutique. Elle lui ressemble encore par je ne sais quel accent familier et, si on néglige la flamme intérieure, presque vulgaire. Individualiste par son refus des missions qu’on lui voudrait imposer du dehors, il l’est également par son refus de désigner aux autres leur mission ; par son souci de ne résoudre les questions que pour tel personnage bien défini, non pour tous les hommes ; par ses railleries contre les Grégoire Werlé, apôtres naïfs qui présentent à tous les mêmes « réclamations de l’idéal » ; par la façon dont il étudie les J. G. Borkmann et les Hedda Gabler, grands ou petits conquérants qui veulent influer sur d’autres destinées et réussissent surtout à se détruire eux-mêmes. Il sait qu’un Napoléon passe sa vie aveugle à voguer vers Sainte-Hélène. Il est subjectiviste par son amour de la pleine et profonde sincérité, par le conseil de ne chercher qu’en soi-même ses principes d’action. Il me satisfait par ce qu’il y a de généreux dans son individualisme, par la critique implacable de ces Peer Gynt qui croient se réaliser quand ils s’enferment, pour les adorer, parmi les changeantes idoles de la caverne. « Le soi-même gyntien, c’est