Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/172

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la foule armée des convoitises, des désirs, des passions ; le soi-même gyntien, c’est le flot des fantaisies, des exigences, des droits. » Ibsen sait que ce moi superficiel varie selon les temps et les milieux, porte mille empreintes successives et flotte à tous les vents. Le véritable moi est plus profond, activité et non passivité, raison et non appétit, constance harmonieuse et non caprice ou impatience. Seule la surface de la mer se soulève aux tempêtes ; les profondeurs restent calmes. Il sait, comme tous les subjectivistes, que c’est dans la partie stable et raisonnable de notre être que nous pouvons trouver le refuge et édifier le temple serein.

Mais en apparence seulement Ibsen s’affranchit du mensonge social, s’il est exact qu’il se montrait avide d’honneurs et poussait l’enfantillage jusqu’à porter une brochette de décorations. N’avait-il pas lancé son fils dans une carrière officielle, dans la Carrière par excellence et le mensonge le plus éminent, la Diplomatie ?

D’ailleurs, à le lire sévèrement, en gardant présents à l’esprit les subjectivismes les plus purs, on sent avec une fréquence douloureuse l’infériorité d’Ibsen. Son idéalisme s’adultère d’objectivisme et il pèse sur son rêve on ne sait quel eudémonisme