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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/182

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doit d’abord triompher, le déterminisme universel. Coutume absurde, mais dont la faute première revient aux moralistes. Si beaucoup de ces imprudents n’avaient commis l’erreur de lier leur doctrine à une métaphysique et d’affirmer le libre-arbitre comme une évidence immédiate, comme une vérité démontrée ou comme un postulat nécessaire, on leur épargnerait peut-être l’importune objection.

Le déterminisme manifeste une prétention insoutenable, s’il se dit scientifique au même titre que les vérités expérimentales. Il n’y a de scientifique, au sens étroit et concret, que l’observation des phénomènes et de leurs relations invariables. Le déterminisme peut se prétendre scientifique d’une ou de plusieurs autres façons : il semblerait peut-être à un Kant physicien un postulat de la science ; d’autre part, les habitudes d’esprit données par la culture des sciences conduisent vers l’adhésion au déterminisme. Mais c’est ici de la science transportée hors de son domaine légitime, dans la métaphysique ; c’est de la science qui dépasse les connaissances positives actuelles et, si je ne me trompe, les connaissances positives possibles. Tout me paraît légitime en métaphysique sauf l’affirmation ou du moins — soyons généreux pour les dogmatiques — sauf l’affirmation exclusive et intolérante, sauf