Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/183

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l’effrayante quantité de négations contenues dans toute affirmation précise. C’est en ce sens que le positivisme est la vérité. Dès que je pénètre au royaume métaphysique, je suis dans le rêve et la poésie[1]. Je puis y entrer par la porte scientifique : la porte une fois passée, je ne parle plus en savant. Je puis y entrer, comme Kant, par la porte morale : je commets une faute, si je continue à affirmer.

La science semble à quelques-uns exiger le déterminisme universel ; d’autres croient que l’éthique exige la liberté. Mais le savant ne se sent pas obligé, avant d’établir une loi particulière, de démontrer que tout obéit à des lois. Pourquoi le sage serait-il obligé, avant d’user de sa liberté, de démontrer sa liberté ? Zénon d’Élée croit-il, en argumentant contre la possibilité du mouvement, couper les jambes de Diogène ? Une théorie du libre arbitre n’appartient pas plus à la sagesse, qu’une théorie du mouvement n’est nécessaire à l’homme qui marche ou que la démonstration du déterminisme n’est obligatoire pour le physicien. Ni phy-

  1. Sur l’attitude sage en métaphysique et sur ma métaphysique on peut consulter Les Synthèses Suprêmes.