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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/184

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sique ni sagesse ne pénètrent au royaume des antinomies. Je n’ai pas le droit de croire que je réfute le savant en lui demandant : « Prouve-moi qu’il n’y a pas de contingence dans l’univers » ou que je réfute le moraliste en exigeant : « Prouve-moi qu’il y a de la liberté en toi ». Est-ce qu’avant de lui laisser démontrer son premier théorème, j’exige du géomètre qu’il résolve l’antinomie de l’espace infini et de l’espace fini ? Est-ce qu’avant de permettre à l’arithmétique de construire la doctrine des fractions, j’exige qu’elle me montre comment la divisibilité à l’infini peut se concilier avec l’existence des corps ?

Dans ce livre uniquement orienté vers la sagesse et qui précisément s’efforce de la dégager de toute discipline étrangère, métaphysique ou scientifique, je devrais écarter, négligent, l’objection déterministe et me refuser à toute méditation sur le libre-arbitre. Mais il arrive que de telles sévérités méthodiques me blessent dans mes lectures comme des fuites d’avare. D’ailleurs, pourquoi ne pas m’accorder, à l’occasion, la diversion et le sourire d’un peu de métaphysique, ou de quelque chose qui en approche. Il suffit que je sache, quand je consens de tels crochets, que j’ai quitté mon chemin et, pour un instant, oublié mon but. Il suffit