Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/186

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peler. Tout s’efface et s’évanouit dès que j’avance. Lorsque j’ai bondi pour en saisir une par surprise, elle s’est, comme une fumée, dissipée sous mon élan. Après mille autres, j’ai refermé, sans rencontrer que le vide, des bras déçus.

Certaines solutions métaphysiques me caressent, un moment, d’une haleine agréable ; si je m’attarde auprès d’elles, elles me glacent ; si j’essaie d’en faire le tour ou de les pénétrer, je me heurte à je ne sais quel mur invisible et froid.

Toute solution métaphysique satisfait certains de mes besoins intellectuels, blesse d’autres de mes nécessités. Est-ce parce que le fond des choses (mais en quel sens y a-t-il des choses et en quel sens ont-elles un fond ?) serait hostilité et contradiction ? Est-ce parce que les ambitieuses exigences de l’esprit humain sont elles-mêmes contradictoires ?

Mon esprit a des besoins d’unification, de liaison, d’explication, que flatte le déterminisme. Mais le besoin, logique aussi, qu’Aristote exprime par ces mots : « Il faut s’arrêter », le déterminisme le blesse. Au commencement, il ne saurait y avoir détermination. Pour que quelque chose soit déterminé, il faut qu’une ou plusieurs forces déterminantes aient préexisté. La logique ne permet pas de