Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/192

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ou ma plasticité interne, j’agis comme si j’étais certain de ma liberté.

Malgré la sincérité la plus en éveil, notre façon d’agir a toujours quelque influence sur notre façon de penser. À ceux qui pensent assez profondément pour que certains postulats de leur action leur deviennent conscients, ces postulats finissent souvent par s’imposer, malgré les protestations de la prudence, comme des vérités objectives. Défaite d’autant plus difficile à éviter que notre action remporte plus de victoires. L’homme dont l’activité est d’ordre scientifique échappe difficilement au déterminisme. L’artiste et le moraliste tendent, au contraire, à affirmer la liberté. (Il me semble pourtant que je rencontrerai tout à l’heure, quand je reviendrai à mes sages et à mes demi-sages, de curieuses exceptions.)

La logique scientifique — si prudente tant que l’observation est possible, qui multiplie à chaque pas les vérifications parce que chaque pas loin du fait la rend, elle le sait, plus incertaine et plus trompeuse —, manifeste, dès que le savant s’occupe de métaphysique, la plus amusante intrépidité. Seul un prêtre est aussi insolemment et ridiculement dogmatique qu’un savant sorti de sa science. Beaucoup osent affirmer comme un fait le déter-