Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/194

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se mêle à son activité ; dans ma passivité aussi, on découvrira une manière d’activité. La nature de la nourriture qu’il assimile a sur lui une influence quelconque. Il me semble pourtant que le tigre a un peu plus d’influence sur la nourriture et je ne crois pas que même le Bouddha digéré réussisse à l’humaniser. Quand le tigre me dévore, le spectateur a donc le droit de dire en gros, négligeant les influences secondaires, que le tigre est l’agent et que je suis le patient.

La nourriture que je prends a une influence sur moi. Sauf quand elle m’empoisonne, j’ai plus d’influence sur elle ; je la transforme plus qu’elle ne me transforme ; je l’assimile et je ne suis pas assimilé.

De façon peut-être plus intéressante que nous ne sommes matière, le tigre et moi sommes deux formes et, de quelque manière qu’on le veuille entendre, deux puissances qui, pour maintenir ces formes, luttent contre les déterminismes extérieurs.

Dans mon esprit aussi, il y a quelque chose que, par analogie, j’appelle matière ; quelque chose que, par analogie, j’appelle forme ; quelque chose que, sans analogie, j’appelle force ou activité et qui est peut-être pour moi le type premier de tout ce que j’appelle force ou activité. Voici la guerre, le