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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/206

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L’Univers n’a pas répondu et Dieu non plus. Car peut-être Dieu n’est pas ni, au sens où l’homme prend ce mot, l’Univers. Et, si par hasard ils sont, ils sont muets. Mais les choses sont et ce que nous appelons les apparences détient peut-être toute la réalité. Ce sont elles qui parlent. Leurs paroles sont diverses et discordes. L’homme les unifie, et il les traduit selon son cœur.

Traduisant en une seule voix les voix diverses et discordes, il a cru que Dieu lui disait :

— Si tu te veux unir à moi, abandonne-moi toute puissance.

… Ou il a cru que l’Univers lui disait :

— Si tu te veux unir à moi, abandonne-moi toute puissance.

Il y a de l’amour du sacrifice dans la piété religieuse. Il y a de l’amour du sacrifice dans la piété scientifique. L’homme a sacrifié sa liberté pour épouser l’un ou l’autre des fantômes. Et l’homme a cru satisfaire sa soif d’unité qui le dépasse. Et l’homme n’a pas toujours su que sa soif d’unité qui le dépasse est une soif de servitude.

Moi, je n’embrasse exclusivement et définitivement ni un dieu ni un univers. Je possède un harem nombreux et ne sacrifie mon vouloir à au-