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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/212

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est indifférente à la nature du résultat : le savant veut, quelle qu’elle soit, la vérité ; il n’exige pas qu’elle soit ceci plutôt que cela, serve à ceci plutôt qu’à cela. On ne peut chercher sans chercher quelque part, c’est pourquoi il se laisse diriger par des hypothèses ; mais il accueille ce qui renverse ses prévisions aussi joyeusement que ce qui les confirme.

Certes le savant peut désirer pour lui-même la beauté éthique. N’en possède-t-il pas déjà d’admirables éléments : sincérité, détachement, joyeux consentement aux persécutions ? Car il a peu regardé et peu profond celui qui, dans n’importe quel ordre de recherches, n’a pas rencontré une vérité propre à le faire maudire de ses contemporains. Interroger directement la nature conduit toujours à négliger ou combattre quelque théorie régnante et on se fait d’implacables ennemis de ceux qui vivent de cette théorie. Le vrai savant soulève contre sa tranquille hardiesse tous les parasites de la science, tous ceux qui, charlatans d’église, d’université ou d’académie, se servent d’elle au lieu de la servir.

L’homme est une harmonie. Il tient à conserver sa beauté équilibrée et ne se donne pas sans quelque noble réserve même à la plus noble des pas-