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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/213

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sions. Le vrai savant ne permet pas à son intelligence de détruire sa sensibilité. Sacrifier une de ses puissances, c’est déséquilibrer et, à la longue, amoindrir les autres. Savant et Artiste sont des adjectifs devant quoi j’aime à sous-entendre le substantif homme. Pour l’homme véritable, il n’existe pas de fin qui justifie les moyens inhumains. Je puis immoler mes intérêts, ma santé, ma vie même à un but qui me paraît supérieur. La divinité la plus belle et la plus abstraite devient ignoble et orde idole si elle ose me réclamer ce qui n’est pas à moi. La vie, même la plus humble et la plus élémentaire, obtient mon respect et je ne consens pas à créer volontairement de la souffrance. Le vivisecteur est-il un savant ? Quel bas instinct le pousse à cette faute de méthode de demander aux troubles de l’agonie les secrets de la vie harmonieuse ? Sadique plus ou moins conscient, sa curiosité de commère ne l’a jamais conduit et ne le pouvait conduire qu’à des erreurs. Même si ce n’était pas menteusement qu’il fait valoir je ne sais quelle utilité humaine, que de paroles méprisantes j’aurais encore, en me détournant de lui comme d’un trop écœurant spectacle, à dire de lui. Remarquerais-je que l’utile est le but de l’industrie, non de la science ? Je consta-