Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/215

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de telles espérances, elles ne le gêneront pas, si sa méthode, restée exclusivement scientifique, ne subit la pression d’aucune doctrine définie. Les opinions morales ou religieuses sont des étrangères qu’il faut consigner à la porte du laboratoire. Gamines indiscrètes qui, si on leur permet d’entrer, brouillent la besogne, mêlent le préjugé à la recherche et faussent toutes les conclusions.

L’artiste peut s’appliquer à dresser un héros ou un sage. Mais ce qu’il aime, en tant qu’artiste, c’est, plus que l’héroïsme ou la sagesse, leur rayonnement de beauté et leur déploiement de volonté ; ce sont les moyens extérieurs qui rendent sensibles ces lumières internes. Auprès de l’être noble, il fera ramper souvent un être infâme. S’il le réussit vrai, vivant et profond, il aura réalisé deux beautés au lieu d’une.

Il y a un philosophe sous certains grands artistes. Des vérités libératrices supportent telle tragédie d’Eschyle ou de Sophocle comme telle fable de La Fontaine ou tel drame d’Ibsen. Mais, si le poète, préoccupé de faire triompher théoriquement les personnages qui lui plaisent, prête à leurs adversaires moins de force éloquente, il cesse de faire œuvre d’art. Il tombe plus bas encore, et jusqu’à quel degré du ridicule, si, confondant